Intégrale et latéralité

Chaque titre de cette collection comporte 150 exemplaires mis dans le commerce.

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Intégrale et latéralité retranscrit une discussion tenue à Paris le 2 novembre 1985 par Jean Daive et Jean-Pierre Bertrand, qui écrit, photographie, réalise des films, travaillant à partir de matériaux. Miel, citron, sel, cirage, cerise, fraise, onguents divers et eau chaude constituent des pièces titrées « mixed mediums ». Transmutation des matières et des formes, métamorphose des aliments et des textures nourrissent le papier et le gorgent d’affects, de goûts et de couleurs. Papier contre air, vide contre plein, asymétries contre dissymétries : l’espace et la surface se veulent subversifs. L’un retourne l’autre, le premier décadre le second. L’unité explosive des propos tissés est affirmée au seuil de l’échange : « Où il est question de la chose vue, de la lumière, de l’écriture, de l’accélération qui contient l’image intégrale ». Unité d’une composition mobile qui en passe par la décomposition et la recomposition : le langage visuel se ressource au jeu de l’énergie des paroles, qui dessinent le sens et ses failles, envisagent la vision comme « une fraction décimale de
la chose vue ». Peinture et poésie, mathématiques et perception partagent un système métrique commun : Jean Daive écrit Décimale blanche, Jean-Pierre Bertrand réalise une latéralité ombrée qui engage le corps, son équilibre et ses comportements. Le peintre et poète sont mis à nu par la radicalité intégrale pointée dès le titre : la question multiplie la réponse, et oriente les traversées d’énigmes.

Anne Malaprade